MMAS : Une mission en Haïti qui piétine

Un an après son déploiement en grande pompe, la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS), censée appuyer la Police Nationale d’Haïti dans la lutte contre les gangs armés, peine à produire des résultats tangibles. Alors que les attentes étaient immenses et que la population réclamait un retour à la sécurité, le bilan reste largement en deçà des promesses initiales. La présence de quelques contingents étrangers, souvent mal équipés et peu visibles sur le terrain, n’a pas suffi à enrayer la progression des groupes criminels.

Ce constat d’échec s’explique en grande partie par un déficit criant de moyens logistiques et financiers. La mission, dirigée par le Kenya, manque d’effectifs, de véhicules blindés, de soutien aérien et d’une structure de commandement efficace. Plusieurs experts pointent également un flou inquiétant sur les règles d’engagement et les stratégies adoptées. Pendant ce temps, les gangs contrôlent toujours des zones entières de la capitale, kidnappent, tuent, et déplacent des milliers de personnes, sans réelle résistance.

Pire encore, la coordination entre la MMAS et les institutions haïtiennes laisse à désirer. L’absence de leadership fort au sein du gouvernement haïtien affaiblit toute tentative d’intégration des actions de la mission dans une politique nationale cohérente. Certains observateurs dénoncent même une forme de « mission touristique », où les soldats étrangers, par peur ou par prudence diplomatique, évitent toute confrontation directe avec les criminels les plus puissants.

Alors que le pays sombre dans une crise humanitaire et sécuritaire aiguë, le silence des dirigeants de la mission devient assourdissant. L’ONU, les États membres impliqués, et les autorités haïtiennes doivent répondre d’urgence à cette paralysie. Car si la MMAS n’est pas en mesure de faire face aux défis actuels, elle risque de devenir une opération symbolique, coûteuse et inutile — un nouvel exemple d’intervention internationale inefficace sur le sol haïtien.