Carnaval 2025 : 300 millions, 170 pour Fort Liberté

Le ministre de la Culture et de la Communication, Patrick Delatour, a confirmé la tenue du Carnaval National 2025 du 2 au 4 mars à Fort Liberté, sous le thème évocateur « Haïti Debout ! Ayiti Kanpe ! ». Cette annonce officielle intervient dans un contexte national marqué par des défis socio-économiques et sécuritaires, où l’organisation de cet événement est perçue à la fois comme un symbole de résilience et un sujet de controverse.

Le budget alloué pour le Carnaval s’élève à 300 millions de gourdes, dont 170 millions seront exclusivement consacrés à l’organisation des festivités à Fort Liberté. Ce montant soulève déjà des interrogations quant à la gestion des fonds publics dans un pays confronté à des crises multiples, notamment l’insécurité, la pauvreté et le déficit des services de base.

Le ministre Delatour justifie cet investissement par la nécessité de préserver la tradition carnavalesque, source d’expression culturelle et de cohésion sociale. « Le Carnaval est un moment où le peuple haïtien célèbre son identité, sa créativité et sa capacité à se tenir debout malgré les épreuves », a-t-il déclaré.

Cependant, des voix critiques s’élèvent au sein de la société civile, dénonçant une priorisation des dépenses qui semble déconnectée des réalités urgentes du pays. « Comment peut-on justifier un tel budget pour trois jours de festivités alors que des écoles manquent de ressources, des hôpitaux ferment faute de moyens, et que l’insécurité gangrène le pays ? », s’interroge un militant associatif de Fort Liberté.

Malgré ces critiques, les préparatifs avancent. Des troupes de carnaval, des artistes de renom et des artisans locaux sont mobilisés pour faire de l’événement un succès. Les autorités promettent des mesures de sécurité renforcées pour garantir le bon déroulement des festivités dans une région relativement épargnée par la violence des gangs.

Reste à savoir si ce Carnaval pourra véritablement incarner l’esprit de « Haïti Debout » ou s’il ne sera qu’un spectacle de façade masquant les profondes fractures du pays.