Wednesday, October 22

Haïti : Le secteur privé active ses réseaux dans l’ombre, anticipant la chute de Fils Aimé

Alors que le pays continue de sombrer dans l’insécurité et le blocage institutionnel, les projecteurs se tournent vers un acteur discret mais influent : le secteur privé haïtien. Face à la paralysie du gouvernement et au discrédit grandissant du Premier ministre Alix Didier Fils Aimé, plusieurs puissants hommes d’affaires s’activent en coulisses pour influencer la future architecture du pouvoir.

Selon des sources concordantes, des figures de proue du monde économique, telles qu’Olivier Barreau, Reynold Deeb et Édouard Baussan, mèneraient des consultations intensives avec divers acteurs politiques et représentants de la société civile. L’objectif : ne pas subir les prochaines secousses politiques, mais les piloter.> « Le pouvoir politique est en chute libre. Le secteur privé n’a plus le luxe de rester spectateur », confie un ancien cadre de la Primature, proche de ces milieux.

Ces manœuvres interviennent alors que le Conseil présidentiel de transition (CPT), censé diriger le pays vers un nouveau cap, peine à s’imposer. Miné par des luttes internes, contesté pour son manque de légitimité populaire, le CPT inquiète autant qu’il déçoit.

Dans ce contexte incertain, les milieux d’affaires s’organisent pour éviter une perte de contrôle totale du système. Des réunions informelles, des alliances de circonstance, et même des scénarios de succession commencent à circuler.

Une liste officieuse de candidats potentiels au poste de Premier ministre serait déjà en discussion dans plusieurs cercles d’influence.> « Ils veulent éviter le chaos, mais surtout protéger leurs actifs », analyse un politologue basé à Port-au-Prince. « Pour eux, un gouvernement faible est une opportunité. Mais un effondrement complet ? C’est un risque qu’ils ne peuvent pas se permettre. »

Cette hyperactivité du secteur privé s’inscrit dans une logique de survie autant que de contrôle. Car au-delà de la chute éventuelle de Fils Aimé, c’est tout l’appareil de l’État qui menace de s’écrouler. Et avec lui, un modèle économique déjà précaire, où le capital et la politique ont toujours entretenu des liens étroits.Ironie du sort, ceux qui ont souvent profité du désordre ambiant se retrouvent aujourd’hui en première ligne pour le contenir.

Ils tentent désormais de se présenter comme les garants d’un retour à la stabilité voire, pour certains, comme les véritables maîtres du jeu. Mais dans un pays où les révoltes grondent et où la population perd confiance dans toutes les élites, cette stratégie de contrôle par le haut pourrait bien s’avérer aussi fragile que le régime qu’elle prétend remplacer.


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