
En Haïti, la guerre des gangs n’épargne personne, surtout pas les enfants. Délogés de leurs quartiers, entassés dans des abris précaires, des milliers d’entre eux ont vu leur année scolaire s’effondrer. Face à cette crise humanitaire, le Fonds National de l’Éducation (FNE) a lancé une vaste campagne de recensement et de soutien aux enfants déplacés, afin d’empêcher un naufrage éducatif généralisé.
Entre mai et juin 2025, une mission nationale a été déployée dans plusieurs camps de fortune pour identifier les enfants déscolarisés, évaluer les besoins urgents, et soutenir les écoles relocalisées. Cette démarche s’inscrit dans une stratégie plus large visant à garantir un minimum d’accès à l’instruction, même dans un pays en état d’urgence.
Un document de cadrage stratégique, élaboré en amont, a servi de boussole à cette opération. Il précise les groupes ciblés (enfants déplacés, familles vulnérables), les méthodologies de collecte de données, les mesures de sécurité pour les agents sur le terrain, ainsi que les mécanismes de coordination entre institutions publiques et partenaires éducatifs.
Les premiers résultats sont glaçants. Sur six camps visités (OPC, MTPTC, Équateur, MAST, EMPLD, Tourterelle), 1 078 personnes ont été recensées, dont 748 enfants âgés de six ans et plus. Parmi eux, près de 88 % ne sont pas scolarisés. Pire encore, 330 enfants de moins de six ans ont été recensés, pour la plupart sans aucun contact avec une structure préscolaire.
La grande majorité de ces enfants vivent dans ces conditions depuis plus de sept mois, sans livre, sans banc, sans tableau, dans une attente vide de sens.En parallèle, le Programme d’Appui à l’Éducation des Familles (PAEF) a permis d’élargir le champ d’intervention. Dans 65 communes, 6 244 familles déplacées ont été recensées, totalisant 14 736 enfants en âge scolaire.
Grâce à ce travail, 2 149 familles ont reçu une subvention directe de 37 000 gourdes, pour un montant global de 79,5 millions de gourdes. De plus, 73 écoles relocalisées ont été soutenues pour intégrer 8 734 élèves et 1 390 enseignants, à travers une aide financière supplémentaire de 18 millions de gourdes.Dans un pays où l’école devient un luxe et non plus un droit, cette intervention du FNE constitue un acte de résistance éducative.
Elle ne résout pas tout, mais elle empêche le pire : l’oubli total de toute une génération. Pour les enfants réfugiés dans les camps, la classe n’existe plus – mais grâce à ces efforts, elle pourrait renaître, même sous une tente, même avec des moyens dérisoires. Car renoncer à leur éducation, ce serait renoncer à l’avenir même du pays.
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